L'Element Perturbateur...

La brume était épaisse cette nuit là, d’un blanc vaporeux elle couvrait le sol. Ce nuage opaque rendait la visibilité impossible, on ne distinguait plus où l’on marchait. Il y avait beaucoup d’humidité dans l’air qui formaient de fines gouttelettes sur un corps ferme et robuste. On apercevait le ciel noir d’encre à travers les branchages des arbres dépourvus de vie et la lune était absente, rendant alors une atmosphère macabre, insoutenable. Une légère brise glacée faisait grincer le bois tandis que l’animal continuait son chemin. Il n’y avait pas un bruit dans ce marécage hostile, les grenouilles et les insectes restaient muets. Le silence se faisait pesant et étrange.
L’animal progressait avec ardeur dans les hautes herbes humides, il ne cachait pas sa venue et marchait avec entrain et puissance. Ses énormes sabots frappaient le sol, le marquaient d’empreintes inconnues sur ces terres. Ses fanons glissaient derrière lui, frottaient le sol de la même manière que sa queue. Celle-ci était d’ailleurs d’une composition étrange, le bout était celle d’un cheval avec des crins soyeux et épais et le départ ressemblait d’avantage à celle d’un félin.
Soudain, la mystérieuse créature s’immobilisa. Tout son corps était tendu, cette boule de muscles et de nerfs était immobile. Son regard bleu semblait fixer quelque chose à travers la brume et ses oreilles étaient statiques, pointées en avant. Un cri aigu perça ce long silence, un hibou orné de cornes traversa le nuage blanc et se posa avec délicatesse sur l’encolure de la bête. Le volatile lui chuchota quelque chose ce qui fit frissonner les oreilles de l’animal, un léger rictus éclairer son sombre visage équin. Ils reprirent leurs routes ensemble en s’enfonçant dans l’immensité de la nuit. Le périple devenait de plus en plus difficile, le sol était bien moins stable, la terre faisait place à la boue et aux algues ; mais le monstre ne se démontait pas. Avec énervement il commença à accélérer le rythme et prit un violent galop cadencé. La matière visqueuse du sol partait avec fracas où l’animal l’envoyait, elle arrivait parfois dans ses crins, s’entremêlait avec chacun pour former un nœud.
Sous sa robe brume se dessinait de larges muscles bandés, de véritables armes prêtent à tout. Son regard perçait la nuit avec cruauté, sa queue fouettait l’air d’énervement, ses sabots frappaient le sol avec fracas, ses naseaux dilatés et ses oreilles plaquées contre sa nuque lui donnait un air d’affreux sanguinaire.
Lancé à toute allure il traversait les marécages sans perdre de temps, rien ne pouvait l’arrêter, pas même un des 4 éléments qu’il contrôlait à la perfection. En effet, l’étrange étalon détient un pouvoir absolu, il contrôle la quasi totalité des éléments, c’est une véritable machine à tuer. Chaque partie de son corps est une arme redoutable qu’il faut craindre, son esprit et pas non plus à négliger. Cette bestiole, que vous soyez un loup, un cheval, de n’importe quel clan, munie de n’importe quel pouvoir, vous devez vous y tenir à distance. Othar, car c’est le nom que lui donna l’enfer, a trouvé une faille sur Fatal World, il s’est infiltré alors qu’il ne devrait pas se trouver ici. Tenez vous prêt car il est prêt à tout, la violence, la séduction, la tromperie, la force, la ruse et la mort, pour prendre la pouvoir sur le monde.
La boue devenant trop épaisse, Othar se redressa et transféra tout son poids sur ses postérieurs afin de se retrouver debout, à la manière des hommes. La masse était alors imposante, il faisait avec cette position, le double d’un cheval normal. Il continua son chemin, frappant de sa large corne les branches trop basses qui le dérangeait.
Le volatile repartit en vitesse dans la brume afin de le prévenir d’éventuels nouveaux venus.
Dans la fraicheur de cette nuit d’été, se préparait un sombre complot.
Chevaux, loups, tenez vous prêts à défendre vos terres.